Le mémorial aux marins
morts pour la France, inauguré le 8 mai 2005 sous la présidence de
Monsieur François GOULARD, secrétaire d’État aux Transports et à la Mer
et de monsieur Louis CARADEC, maire de Plougonvelin (Finistère), s’est
accompli en trois temps :
La première étape ; la
stèle est un vœu de Georges LEYGUES, Ministre de la Marine et de
l’Amiral GUEPRATTE, député du Finistère, au lendemain de la guerre
1914-1918. À l’instar des hommages rendus, devant la Chambre des
Députés, " aux soldats arrachés à la boue sanglante du front dévasté ",
l’Amiral GUEPRATTE rappelait à ses collègues : " Mais les
marins disparus dans l’abîme et n’ayant eu pour linceul que les flots
de l’océan, ceux-là méritent aussi que leur obscur sacrifice soit
honoré à jamais ".
Son souhait fut exaucé puisqu’une loi, portant création d’un
monument aux marins fut votée en 1920 et promulguée le 26 juillet 1923.
Initialement ce monument
devait être érigé à Paris mais Georges LEYGUES pensait autrement et
déclarait : " Tous les points du
littoral français, paraissent dignes de l’honneur de glorifier les
marins disparus, mais il en est un, qui se désigne par lui-même, par sa
situation géographique, c’est la pointe extrême du Finistère qui
s’avance comme une proue dans la mer. L’emplacement choisi doit être
l’extrémité du Cap Saint Mathieu, qui placé dans un site magnifique,
domine l’immensité des mers. "
Le projet retenu sera
celui d’un sculpteur finistérien René QUILLIVIC : Une stèle couronnée
d’un buste de femme en coiffe de deuil. Elle incarne la douleur morale
et la tristesse d’une mère ou d’une veuve de marin. Cette stèle,
inaugurée le 12 juin 1927 par Georges LEYGUES viendra enrichir
l’histoire de ce site magnifique de la pointe Saint-Mathieu. Le site
connu depuis la haute antiquité, a rassemblé au fil des siècles des
préoccupations spirituelles, économiques et militaires.
Grâce à l’association " Le
Souvenir Français ", cette stèle garda son identité au fil des ans,
dans un contexte pourtant peu favorable à la conservation du patrimoine
et aux symboles de la vie patriotique.
Consciente qu’il fallait
ranimer une flamme de plus en plus vacillante, la commune de
Plougonvelin se porta acquéreur, en 1990, des sites militaires
désaffectés de la Pointe Saint-Mathieu afin de les restaurer et leur
donner une nouvelle raison d’être.
Un Syndicat pour la
restauration et l’aménagement de la Pointe Saint-Mathieu venait au même
moment d’être porté sur les fonds baptismaux par le Conseil Général, la
Commuté Urbaine de Brest, la Communauté de Communes du Pays d’Iroise,
les communes du Conquet et de Plougonvelin, rassemblés autour d’un
projet de grande envergure. C’est tout naturellement que la réalisation
d’un parvis pour les cérémonies commémoratives, fut intégrée dans le
programme général des travaux de restauration du site. Ce parvis
dénommé " L’Esplanade du souvenir Français " témoigne de la
reconnaissance de la fidélité de cette association envers les marins
morts pour la France. C’était la deuxième étape.
Le fortin à l’abandon ne
pouvait rester inanimé devant ce symbole prestigieux qu’est cette "
Mater Dolorosa " qui veille sur l’océan et pleure nos marins disparus.
L’idée a alors germé de le restaurer et d’y créer un espace, dont la
vocation s’inscrirait dans le temps. Un espace où les familles seraient
assurées que le sacrifice et la douleur seraient enfin et à jamais
l’objet d’un témoignage.
C’est ainsi que le concept
du " Cénotaphe " fut retenu. Le Cénotaphe, 3e et
dernier élément du mémorial, est avant tout un lieu destiné aux
familles des disparus. Les parois seront recouvertes, au gré des
donations, des photographies anonymes de marins Morts pour la France,
accueillant indifféremment les marins militaires ou civils.
À l’espace concret du
fortin est associé un site Internet http://www.auxmarins.com qui
permet de rendre accessible à tous, de tous les coins du monde, ce lieu
de mémoire nationale.
Le mémorial est certes
dédié aux marins morts pour la France. Mais la douleur des familles est
identique quelles que soient l’origine et les circonstances de la
disparition d’un marin.
C’est la raison pour
laquelle le 8 mai 2005 furent également dévoilées 3 plaques du souvenir
en hommage aux marins morts en service commandé, aux sauveteurs en mer
victimes de leur devoir et aux marins péris en mer.
Désormais tous les ans la
communauté des gens de mer rendra hommage au cours d’une cérémonie
commémorative aux marins disparus tous liés par la notion de don de soi
à la mer.
Les générations se
succèdent, les jeunes générations sauront-elles se souvenir des
sacrifices consentis par leurs aînés, afin qu’elles puissent
revendiquer aujourd’hui le droit à la liberté, dans une grande
communauté de paix ?
Cette légitime
préoccupation a été prise en compte par l’Association " Aux Marins "
fondée en 2005 et qui a pour objectif de rassembler la communauté des
gens de mer autour de ce lieu de recueillement et de pèlerinage, de
perpétuer le souvenir de ceux qui sont sacrifiés pour la liberté de
leur pays et d’assurer le rayonnement du mémorial.
Louis CARADEC
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